Tout a commencé par une simple pétition adressée en avril par de jeunes Lakotas de Standing Rock à l’armée américaine, en partie propriétaire du terrain de construction. Leur requête : que le pipeline DAPL ne détruise pas les sépultures de leurs ancêtres, et ne pollue pas l’eau de leur rivière. Petit à petit, le mouvement a grandi. Des écologistes, des défenseurs des droits de l’homme ont rejoint les manifestants de la réserve. Mais surtout, des Amérindiens venus des quatre coins des États-Unis ont planté leurs tentes sur les camps postés aux abords du chantier. La défense de la terre et de l’eau s’est transformée en une revendication du respect des droits tribaux. Le cri des Natifs pour exiger le droit d’exister : “Mni Wiconi”. En Lakota : l’eau est la vie. Plutôt que manifestants, ils préfèrent donc qu’on les appelle “Water Protectors”.
DAPL est un projet à 3,7 milliards de dollars, soit 3,4 milliards d’euros. Son tracé initial prévoyait qu’il relie le gisement pétrolifère de Bakken, dans le nord du Dakota, à la raffinerie de Patoka, près de Chicago dans l’Illinois. Un tuyau de 1885 km transportant 470 000 barils de pétrole par jour. L’investissement d’Energy Transfer Partners visait à accélérer le transport d’or noir dans la région. L’entreprise a fait la sourde oreille aux demandes des Indiens. Leurs craintes sont pourtant légitimes. Du point de vue de leurs traditions, si le pipeline était creusé sur leurs terres sacrées, ce serait ni plus ni moins qu’une profanation des tombes. Et en passant sous la rivière, le risque de fuite et de contamination de l’eau mettrait en danger la santé des habitants et la survie des espèces animales et végétales qui s’y abreuvent.
Une transmission de la culture amérindienne est à l’œuvre à Standing Rock. Alors que leurs grands-parents étaient envoyés dans des pensionnats religieux pour être intégrés presque de force à “l’American Way of Life”, la jeune génération redécouvre ses racines. Combiner le respect des traditions avec tout ce que la modernité américaine a de matérialiste et d’instantané relève du défi. Les camps de Standing Rock voient émerger une nouvelle façon de vivre l’identité des Natifs. Et avec les réseaux sociaux, le mouvement a accès à une audience sans précédent. Elle est mondiale.